Durant le XVIème siècle, les Européens avides d’or entreprirent la route d’or pour l’Inde. Ainsi, les Portugais Diégo Diaz et Fernand Suarez mirent accidentellement le cap sur une île jusque là encore inconnue le 10 Août 1500. Cette île fut prénommée Ile Saint Laurent, à l’occasion de la Saint Laurent. Plus tard, Marco Polo donna le nom de Madagascar.
Dans un poème écrit en cellule, Jacques Rabemananjara, un célèbre écrivain Malagasy de langue française alors emprisonné pour avoir lutté contre le colonialisme, décrit ce qu’il ressent pour sa patrie.
« Ile aux syllabes de flamme »
Ile !
Ile aux syllabes de flamme !
Jamais ton nom
Ne fut plus cher à mon âme !
Ile,
Ne fut plus doux à mon cœur !
Ile aux syllabes de flamme,
Madagascar !
Quelle résonance !
Les mots
Fondent dans ma bouche :
Le miel des claires saisons
Dans le mystère de tes sylves,
Madagascar !
Je mords ta chair vierge et rouge
Avec l’âpre ferveur
Du mourant aux dents de lumière,
Madagascar !
Un viatique d’innocence
Dans mes entrailles d’affamé,
Je m’allongerai sur ton sein avec la fougue
Du plus ardent de tes amants,
Du plus fidèle,
Madagascar !
Jacques Rabemananjara, Antsa
Madagascar, l’île verte ou plus récemment, l’île rouge, est la 4ème plus grande île du monde. Elle se trouve dans l’hémisphère Sud, dans le Sud-ouest de l’Océan Indien. Elle est traversée dans sa partie Sud par le Tropique du Capricorne. En partant de l’Equateur, il faut parcourir 1300km environ pour parvenir à la grande île. 7200km la séparent du Pôle Sud, 10000km de l’Europe, 400km de l4afrique et 6000km de l’Australie.
L’île possède beaucoup d’atouts pour attirer le monde entier. Ses coutumes, ses musiques traditionnelles, ses ressources naturelles, sa gastronomie sont tous uniques au monde. Madagascar fait partie des 7 pays bénéficiant d’une richesse écologique qualifiée d’exceptionnelle. On ne s’étonnera pas que l’écotourisme soit un des atouts premiers de cette île-continent qui, lors de la Conférence de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature d’Août 2004 à Durban, s’est proposé de multiplier par 3 la superficie de ses aires à conserver.
« Là-bas tout est légende »
« Lyre à sept cordes » est une introduction au pays natal à l’intention de la « sœur pâle », la femme aimée, qui vient d’Europe. Le poème invite à voir en Madagascar un lieu privilégié, habité par le sacré, encore tout proche du paradis primordial.
Là-bas tout est légende et tout est féerie. Et l’Azur
S’anime d’un cristal au ton mythologique.
Douce, la vie est douce à l’ombre du vieux mur
Qui vit nos grands Aïeux, Conducteurs de tribus, Fondateurs de
Royaumes
Parés de leur jeunesse épique,
Parés de pagnes bigarrés,
Parés de gloire et de clarté comme les astres du Tropique.
Là-bas, c’est le soleil ! C’est le bel été, caressant et tragique !
C’est l’homme au cœur plus vrai que l’acier pur !
Et c’est la race enfant, chantante et pacifique,
Pour avoir vu le jour aux bords harmonieux du Pacifique.
Et sur la natte neuve, au milieu des encens et de rares parfums,
Ma mère t’apprendra le saint culte des Morts, la prière aux défunts.
Et t’apprendront mes sœurs, après le bain du soir et les rondes mystiques,
Mes sœurs, Vierges d’Assomboule et Filles de devins,
T’apprendront le secret des paroles magiques
Pour envoûter les cœurs des princes nostalgiques.
Et tu l’aimeras, mon pays,
Mon pays où le moindre bois s’illumine de prestiges divins !
Et les montagnes et les lacs et les remparts et les ravins,
Un fût de pierre sur la route, un fût de pierre, tout sacré, tout porte l’empreinte
Encore vive des pèlerins captifs du Paradis.
Là-bas, rien n’est stérile et le tombeau lui-même, à l’angle de l’Enceinte,
Engendre des bonheurs chaque jour inédits,
Nouveaux comme l’aurore et, comme le désir, sans cesse renaissants et toujours agrandis !
Et puis, quand on a bu l’eau du Manangarèze,
Qu’était-ce du Léthé le sortilège vain ?
Montparnasse et Pairs, l’Europe et ses tourments sans fin
Nous hanteront parfois comme des souvenirs ou comme des malaises.
Aux derniers cris des Continents,
Insensibles nos cœurs reniés à la ferveur des hautes solitudes,
Ivres de songes seuls, double offrande lyrique au vent des Altitudes
Et gardiens de la source où rutile la paix des Astres éminents.
Jacques Rabemananjara, « Lyre à sept cordes »